Je ne parlerai pas d’amour.
Le mot s’est arrêté
sur mes lèvres
s’est figé s’est fermé fossilisé.
Je ne dirai pas l’amour
ni le chant qui s’en évade
chant de joie mêlée de crainte
telle l’envolée soudaine
de mille oiseaux dans l’émoi
dans la transe.
Je sens leurs battements d’ailes
l’ivresse de leur vol
vers les cimes toujours plus hautes.
Je sens leur passage
le trouble qui jaillit
au tout profond.
L’espace conquis est ample
et lourd et inquiétant.
Pulsations d’ailes
et du cœur en arythmie
l’amour attache s’accroche
s’épingle se fibule
comme une médaille de la légion.
Je ne dirai pas le combat
pour le tenir
hors du mièvre
du mécanisme de l’habitude.
Je tairai la révolte
la lutte
pour être branche vive
d’un arbre mille fois mort
sans cesse renaissant.
Phénix criant appelant
guettant une proie
toujours naïve
toujours avide
de s’immoler
pour l’inexplicable lumineux.
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AGNES SCHNELL
.
Oeuvre François Fressinier