« Le vent grandit, puisque la porte qui ouvre, sur la vigne, l’enclos ceint de briques ajourées, se débat faiblement sur ses gonds. Il va balayer, rapide, un quart de l’horizon, et s’agripper sur le nord verdâtre, d’une pureté hivernale. Alors, le golfe creux ronflera tout entier comme un coquillage. Adieu, ma nuit à la belle étoile sur le matelas de raphia… Si je m’étais obstinée à dormir dehors, la puissante bouche qui souffle le froid, le sec, qui éteint toute odeur et anesthésie la terre, l’ennemi du travail, de la volupté et du sommeil, m’eût arraché draps et couvertures qu’il sait façonner en longs rouleaux. L’étrange tourmenteur, occupé de l’homme comme peut l’être un fauve ! Les nerveux en savent plus que moi sur lui. Ma cuisinière provençale, attaquée près du puits, pose ses seaux, se tient la tête et crie : « Il me tue !» Les nuits de mistral, elle gémit sous lui dans sa cabane de la vigne, et peut-être qu’elle le voit… »
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COLETTE