Certains livres étaient des pêches dont je buvais le jus
la tête renversée
d’autres des coquillages d’où s’évadaient les fables.
Frissonnaient sur mon front telle une frange de
cheveux sombres
les neiges, les mirages, les criquets pèlerins de
l’inconnaissable.
Je dérivais dans l’ombre au sein d’une glace sans tain
étrangleuse d’images
caressant au passage le pelage des monstres
guidé par la voluptéà tête chercheuse éperdue de
liqueurs
avide de froisser les dessous mauves de l’extase.
J’écrivais. Et mon être naissait de l’encre
lettre à lettre :
j’avais lieu dans le mot à venir.
J’écrivais comme on meurt et c’était pour survivre
convaincu d’engendrer ainsi le dernier Livre
que déchiffreraient sans en saisir hélas toutes les nuances
les grands lézards créés à l’image de Dieu.
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MARC ALYN
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