Je retrouve toujours mêlés à la souffrance
Le cri mal achevé de notre amour, le goût
De tes baisers, et comme au ciel de la nuit d’août,
La musique des mots s’évade et recommence.
Le temps du désespoir n’a fait que rendre vive
Cette soif que j’avais de l’eau de ton regard,
Car pour nous séparer, le sort venait trop tard
Si même notre amour est amour fugitive.
Le ciel peut refermer sur nous sa main de nues,
L’océan nous lier avec ses goémons,
Le pain avoir le goût mortel de la ciguë
Et les oiseaux mourir dans les cours des prisons,
Ton amour est plus fort que cette trahison
Et tes yeux sont plus beaux qui saluent le matin
Quand un monde va naître avec ses lourds poisons
Du peu de sang qui reste aux fleurs de nos jardins.
Je ne sais plus où commence ta bouche,
Je ne sais plus où finissent tes lèvres,
Où s’arrête le rire courageux du matin.
Mes doigts cherchent sans fin à briser le cristal
Du rêve opaque de ton torse de neige.
Je déchire la rose noire de l’oubli.
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ALBERT AYGUESPARSE
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