Je vis dans une discontinuité qui s’articule malgré moi. Un infini provisoire. Je choisis des hasards. Des vertiges de souvenirs. Une enfance réécrite. Je suis chaque matin la préface d’un récit. Une photo prise au temps. Mes projets brûlent au soleil. Mes tempes battent au rythme de rêves transparents jusqu’à l’invisible. Je le sais désormais : je n’atteindrai jamais entier l’autre rive du fleuve. Un courant m’emporte dans un chaos merveilleux de fragments et de confidences. Ce que j’écris n’a pas plus d’importance qu’un miroir qui sans cesse se brise dans la plus grande des solitudes. Je n’ai rien à vous dire d’autre que les lumières d’un désordre qui essaie pourtant de vous rejoindre. Demain n’a rien à voir avec aujourd’hui et c’est très bien ainsi. Je veux seulement fleurir encore le monde avant de partir.
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BRUNO RUIZ
2017
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