J’écris pour rendre enfin à tous ceux qui l’ont fait,
à ces jeux gouvernés, à ce ghetto des squares,
un vieux gamin fantoche, idiot et dérisoire,
le fantôme entêté d’un clown insatisfait.
J’écris pour tenir tête au silence établi,
pour rallumer des mots éteints par l’habitude
et les garder vivants face à cette hébétude
qui pétrifie le cœur et qui nous désunit.
J’écris pour mieux aimer, poème aux mains tendues,
et j’invite chacun au creux de sa mémoire
à raviver sa soif pour lui donner à boire
à la source ameutée des sensations perdues.
J’écris pour demeurer devant la porte ouverte
et renaître nomade en sachant discerner
en tout feu une escale, en tout lieu un sentier
et en chaque être ému une parole offerte.
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MICHEL BAGLIN
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