L'été longe ses haies vives,
pique un verger au revers de sa veste.
Dans ses cheveux, un pré s'est endormi.
Le moineau, tout surpris, y cherche ses petits.
Sous l'enclume du ciel jaillissent des rousseurs,
arrosant, de leur jus, le dos des chemins.
Barbouillés de résine, pris en flagrant délit
de chahut fastueux,
les pins rattrapent les oiseaux
qu'ils avaient lancés trop loin.
Le clapotis de leurs aiguilles
invoque la mer
qui, là-bas,rutile et patauge,
enfant doré dans les flaques vermeilles.
Toi, je ne te connais pas encore.
Mais, déjà, à l'angle de mon corps et de la terre,
s'épaissit comme un double de moi,
une autre ombre,
légère et lumineuse.
Une autre ombre
que je pourrai bientôt franchir,
qui accueillera ma veille et mon repos.
Prophétique, l'air rassemble nos deux souffles,
tisse dans nos gestes des tuniques solaires,
avant,
bien avant la Rencontre.
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BRIGITTE BROC
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