On n’enterre pas le sang décharné de la servitude
ni le sang désarmé de l’amour inutilisé ;
on ne retire pas le cri de la bouche comme une clef,
on ne suture pas la pierre fissurée d’une soif.
La chaux vive du sang qui n'a point dormi,
tu l'entendras liquéfier la dalle des morts,
traverser ses étapes de neige étouffée
et siffler en remarchant tout son hiver.
On n'enterre pas le talon poudreux de la foudre
ni la fureur tendre du fruit piétiné ;
le sang retourné sur sa racine comme un décombre
s'est armé tout droit d'une moisson fruste de couteaux...
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RINA LASNIER
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