Pardonnez-moi
pardonnez-moi si j’écris
un poème
c’est que je suis comme vous
je ne sais où donner
du corps
du cœur
et de la tête
si
ce qui est fixé sur mes épaules
peut encore porter
ce nom
car
ils l’ont pris pour
une photo de fichier
une photo d’identité
un numéro de matricule
un montant d’impôt
une unité de recensement
un ballon
pour jouer avec des pieds et des mains
c’est pour cela que j’écris
pour montrer le henné de ma main avant de monter la largeur de
mes épaules et la blancheur de mes talons
je veux écrire mon poème
sur la chair de tous ceux qui ont perdu la parole
chez le marchand de mots
combien coûtent les mots
combien en voulez-vous
une livre
de maux
j’en achète pour mon malheur et le vôtre
puisque nous sommes frères dans la détresse
je vous livre votre part et j’en prends un peu
pour parler d’un tas de petits rêves qui grouillent dans ma tête
et je ne peux exprimer car
je crains
Dieu le roi mon père
les policiers les gendarmes les soldats
le directeur le maître le professeur
les chiens les assassins les microbes
et les médecins
c’est un peu trop pour un seul homme
.
MOHA SOUAG
.