« Malgré le thème du rire du Printemps des poètes, pour la poésie il n'y a pas de rires ni de sourires. La poésie n'a pas d'acheteurs. Les librairies réduisent leurs surfaces de vente. À part certains libraires courageux et militants de la parole, les recueils s'empilent dans les réserves et chez certains éditeurs finissent au pilon. On n'en rit pas. Les grands éditeurs n'éditent que les valeurs accomplies. Il n'y a pas d'aventure populaire de l'édition de poésie. Le rire en poésie, malgré Prévert, renvoie à l'idéologie dominante et pédagogiste du trapèze du jeu de mot. La poésie si elle rit, c'est en lisant l'anthologie de l'Humour noir de Breton. La poésie est maudite. Rimbaud avait vendu 3 exemplaires des «Illuminations». Lautréamont vivait dans sa clandestinité. Rodanski était enfermé volontairement à l'hôpital psychiatrique. Dans le rire de la poésie nous comptons les électrochocs. Dans ce temps des assassins, la joie est grave et nous savons que la main ouverte n'a pas d'ongle, malgré son poing fermé»
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SERGE PEY
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Photographie Sarolta Ban