A l'approche du poème, aurore et crépuscule redeviennent la nuit, le commencement et le bout de la nuit. Le poète y jette son filet, comme le pêcheur à la mer, afin de saisir tout ce qui évolue
dans l'invisible, ces myriades d'êtres incolores, sans souffle et sans poids, qui peuplent le silence. Il s'emparera, par surprise, d'un monde défendu dont il ignore les limites et la puissance et surtout l'empêchera, une fois pris, de périr; les êtres qui le composent, comme les poissons, préférant la mort à la perte de leur royaume.
Hanté par chaque ombre perpétuée, indéfiniment, il déchire un rideau de velours, paupière du secret
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EDMOND JABES
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