Nous remuons cette eau. Nos mains s’y cherchent,
S’y effleurent parfois, formes brisées.
Plus bas, c’est un courant, c’est de l’invisible,
D’autres arbres, d’autres lumières, d’autres rêves.
Et vois, même ce sont d’autres couleurs.
La réfraction transfigure le rouge.
Était-ce un jour d’été, non, c’est l’orage
Qui va « changer le ciel », et jusqu’au soir.
Nous plongions nos mains dans le langage,
Elles y prirent des mots dont nous ne sûmes
Que faire, n’étant rien que nos désirs.
Nous vieillîmes. Cette eau, notre espérance.
D’autres sauront chercher à plus profond
Un nouveau ciel, une nouvelle terre.
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YVES BONNEFOY
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Oeuvre Valeri Stenov