Par perfidie, j'ai décidé en ce jour,
mardi 24 juin,
d'assassiner quelques mots.
L'Amitié est condamnée au bûcher, pour hérésie;
la potence convient à l'Amour, pour illisibilité;
et la vile garrotte ne serait pas mal
pour l'apostasie de la Solidarité;
la guillotine, comme l'éclair, doit frapper la Fraternité;
la Liberté mourra lentement et avec douleur,
la torture est son destin;
L'Egalité mérite la pendaison
pour s'être prostituée dans les pires bordels:
l'Espoir est déjà mort:
la Foi subira la chambre à gaz;
le supplice de Tantale, inhumain,
est réservé au mot Dieu.
Je fusillerai sans pitié la Civilisation
pour acte de barbarie;
Le Bonheur boira la cigüe
Reste le mot "Je".
Pour celui là, si triste, pour son atroce solitude,
je décrète la pire des peines :
il vivra avec moi jusqu'à la fin.
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MARIA MERCEDES CARRANZA
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Oeuvre Ori Gersht