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Dans la voix du poète, comme une peur de mourir de sécheresse. Et puis ce regard qui cherche à déserter ce qui l'envahit.
La page encore trop habitée.
Et lorsque la rage est d'être seulement une tendance qui fait fureur, ayant perdu son art de faire remuer et nous salir les lèvres.
Et lorsque les gestes d'offrir et d'accueillir sont totalement bannis.
Davantage que lire un poème, lire un poète nous ouvre la plus libre des routes, malgré les enclos.
Et ce que nous avons à craindre de cette ouverture véhémente : son souci de pacifier ou de rendre solidaire ce qui en nous demeure en proie à l'indéterminé, l'équivoque, l'honteux, l'entortillé ; ce qui en nous est douceur et démesure, félicité et futilité, ratures et rictus.
Ce que j'aime entendre d'un poème : des notes d'air et de basalte ; des désirs de disculpations, des virevoltes de danseurs ; des déserts de cailloux ; notes noires et blanches de nos joies.
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NATHALIE RIERA
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Photographie Joseph Stashkevetch