Femme de quelques poussières
Elle est un autre ou l’autre ou tous les autres. Quand s’ouvre le matin, elle part s’exprimer dans un jasmin de fleurs où la nuit n’a plus cours.
Elle dévale le long des espaliers, les yeux écarquillés sur l’aube qui se lève.
Elle est poreuse à l’autre, au monde et devient l’arbre qui explose au soleil de ses blessures.
Elle est un tout petit être avec quelques cils d’une délicatesse extrême posés sur un visage de pêche.
Elle est une fillette qui court comme une folle cachée derrière ses cheveux de gitane.
Elle est cette énigme que tous les hommes interrogent, posée, par la grâce de sa beauté, comme une idole dans un carrefour de mythes.
Elle est cette femme vieillie dans les sarments de vigne, aussi foncée que la terre.
Elle est cette terre où s’éparpille un peu de sa poussière.
Elle n’est qu’un passage, la réunion de quelques cellules devenue splendeur au printemps, cette question devant l’univers, cette interrogation au monde dans l’émouvance parfaite d’un arc de paupière.
Et puis posée au détour d’un chemin, elle est une stèle oubliée sur un corps nu.
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BEATRICE BONHOMME
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