Toute mon existence est un verset obscur
Qui se répète et te ramène
À l'aube des éclosions et des croissances perpétuelles.
Dans ce verset
Je t'ai soupiré, j'ai soupiré
Dans ce verset
Je t'ai grefféà l'arbre, à l'eau, au feu.
La vie, c'est peut-être,
Une longue rue où une femme passe chaque jour avec un panier
La vie, c'est peut-être,
Une corde avec laquelle un homme se pend à une branche
La vie, c'est peut-être, un enfant qui revient de l'école
La vie, c'est peut-être, allumer une cigarette
Dans la langueur qui s'étire entre deux étreintes
Ou c'est le regard distrait d'un passant
Qui dit bonjour à un autre en levant son chapeau avec un sourire automatique..
La vie c'est peut-être,
Le moment sans issue où mon regard se dissout dans tes pupilles.
Et à cette sensation, je mêle la perception de la lune et des ténèbres.
Dans une chambre à la mesure d'une solitude
Mon cœur, à la mesure d'un amour
Se tourne vers les raisons naïves de son bonheur
Vers le jeune arbre que tu as planté dans notre jardin
Vers les canaris qui chantent à la mesure d'une fenêtre.
Ah…
C'est mon sort
C'est mon sort
Mon destin, c'est un ciel qu'un rideau m'empêche de voir
Mon destin, c'est de descendre un escalier désert
Et de rejoindre quelque chose dans le pourrissement et l'abandon.
Mon destin, c'est de marcher nostalgique sur les terres du souvenir
Et de défaillir dans la tristesse d'une voix me disant :
J'aime tes mains.
Je plante mes mains dans le jardin
Et je sais, je sais, je sais, je vais verdir.
Et dans mes paumes violacées d'encre,
Les hirondelles vont venir pondre.
J'accroche deux boucles de cerises rouges à mes oreilles
Je colle des pétales de dahlia sur mes ongles.
Il existe une rue,
Où des garçons les cheveux en bataille,
Le cou mince et les jambes maigres,
Étaient amoureux de moi
Et pensent encore aux sourires innocents d'une feuille,
Qu'une nuit le vent a emportée.
Il existe une rue que mon cœur a volé,
Aux quartiers de mon enfance.
...
Et c'est comme ça
Que quelqu'un meurt
Et que quelqu'un reste.
Aucun pêcheur ne trouvera de perle dans un pauvre ruisseau
Coulant au creux d'un fossé.
Moi,
Je connais une petite fée triste
Qui habite un océan
Et qui souffle son cœur dans une flûte en roseau
Si doucement, doucement,
Une petite fée triste
qui la nuit meurt d'un baiser
Et d'un baiser au matin renaîtra.
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FOROUGH FARROKHZAD
" Seule la voix demeure "
© Coédition L'Oreille du loup
Traduction Stéphane Chaumet avec la collaboration de Jaleh Chegeni.
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Oeuvre Fatat Bahmad