Voici l’odeur totale du matin. Le jasmin endormi. La sueur du soleil. J’avale l’écorce du monde. La terrestre présence. Entre mes vertèbres descend le venin de l’hiver. Je touche le temps pour accéder à sa légende. Je suis le chemin d’herbe coupée, les pétales mourants des roses. C’est l’automne dans le tambour des labours. Il y a comme un souffle fatigué dans les branches, une libellule attardée, des coups de hache près d’un lointain bûcher. Là-bas on brûle des feuilles mortes pour l’appétit des chaumes. L’écureuil disparaît dans la folie envolée du vent. Octobre descend dans l’anesthésie de la terre. Je suis le crapaud silencieux qui s’endort près de moi.
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Bruno Ruiz
2017
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Photographie Thami Benkirane
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