Ailes mortes, ailes mortes en moi,
Tomber, c’est renaître
Hors de la solitude, dans la mer –
La mère des âmes égarées, des voyageurs perdus
Et des exilés du ciel.
Le souvenir de la terre est comme un poids
De vagues et d’îles ; dans mon sang et mes os
La pesanteur de mon incarnation,
Plus forte que ma volonté d’être singulier,
Me brise et me détruit, me rappelle en mon lieu.
Prisonnier de ma faute, de ma beauté, de mon vouloir,
Des cellules de la vie transparentes mais murées,
Délivré par la mort innocente, je m’abîme avec joie
Dans la tombe ouverte de la terre, de la mer et de l’air,
Docile comme une pierre, un ange, ou une étoile.
Tomber, c’est renaître,
Attiré au sommet profond d’un baiser ;
La mort et la naissance
Ne sont qu’un même sommeil, une grâce unique
Qui infléchit tous les trajets à la courbe de la terre.
Mon désir superbe est inféodéà la paix de l’amour
Qui régit les orages, les guerres, l’essor des ailes.
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KATHLEEN RAINE
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Oeuvre Serge Tenèze