...la vieille souche, ce tabernacle des coeurs.
Car si chaque arbre est l'envoyé d'un cri, chaque souche est l'arrachée d'un coeur.
La véhémence intégrale d'une souche d'arbre.
L'imagination perdue y trouve l'aliment d'une fougue imbattable sur le terrain des rassasiements de ferveur.
Surgie au détour du coup fatal, quand la communauté n'a plus une illusion de rechange pour masquer les uniques obsessions de son groin, la souche attend son frère humain et la course dératée qui l'annonce.
L'homme médusé, entouré d'une kermesse sans trêve, qui l'emporte dans une course de nerfs rescapés, une course de nerfs fugitifs, il lui faut bien, pour finir, reculer au fond des forêts allergiques aux tombolas et à leurs fanfarons, jusqu'à cette forme au pied de laquelle il s'écroule, car il sent la fin proche si un quartier d'absolu tarde plus longtemps à se dresser devant lui.
En se redressant, il se voit l'âtre du brasier en flammes de bois, et il saisit toute l'appartenance. Toute la filiation de guerre, l'union et l'alliance d'un seul cri étouffé, muré au creuset de sa force. Elle plante là son coup de démesure, la vieille souche, étoilant d'un seul tenant une somme de vertus barbares à faire blêmir toute l'héraldique des puissances.
La souche ne s'est jamais repliée dans l'aumône des cicatrisations.
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NICOLAS ROZIER
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Oeuvre Marguerite Vanasse