Nos mains rejointes rassemblées devant le soleil d’ombre du cœur
étroit devant l’aurore obscure d’insomnie
ô belle éveillée vive de la muette mort
poursuivrons-nous enfin l’élan du psaume
ailé de joie le chant de la folie sauvage !
A mi-chemin du lac ensommeillé de noire ivresse
et de la grande neige d’esprit clair
est-il resté là-bas qui tremble de pluviers et d’anémones dans son rêve
ainsi qu’une lisière âgées de vieux sapins sur le suspens d’abîme et de silence !
Et ce seront d’abord les branches les plus lourdes
et parées de nœuds têtus déroulées
par le ciel aux mille doigts urgents
parmi ton âme de lueurs chantantes de flocons
murmurés d’ailes à repli d’aube mon aimée !
Puis le brillant salut des volutes d’enfance la plus frêle
aux fins rayons du jour nouveau dans des cimes d’espoir
et les sommets feuillus de l’or les chaînes en fusion blanche du printemps
le temps de liberté des astres de la mer !
Aventurons ici l’amour terrible de nos deux ombres
jusque dans l’ordre armé de ce fond de mémoire
aux absolues blancheurs des neiges nues et planes
et devançons le dur défi de solitude sur le champ !
Dieu déjà nous confond depuis son appui d’air et de ce feu bougeur
au loin d’une distance emmêlée chevelue
et frappant de la foudre un seul être parfait aux deux feuillages de ténèbres enlacés !
Voici le cri dans l’unique jeté
voici le mot transcrit de sable en sable
et le désert blanchi sous la pluie de l’aveu !
Te voici mienne en moi toujours et tien en toi
me voici ô vaste joie de l’ensemble pur
et nous voici le cœur perdu et solitaire qui cherche et cherche !
Ainsi l’amour amoncelé pour plus d’absence et de désir encore
et dévorés en eux-mêmes d’amour
ainsi les yeux fermés vivants et morts les éblouis !
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JEAN-PHILIPPE SALABREUIL
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Oeuvre Alphonse Mucha