Le jour te laisse
orphelin des courbes
en deuil d'une heure évanouie
le globe clair d'un fruit
à la pointe de tes doigts
rouge flamme
chair vive
au faîte de tes épaules
sa chute tranche le silence
lame sablée d'attente
long fil d'écaille
sombrent les saveurs
aval de couleur
au vaste chuchotement
d'un monde enseveli
de passage en traversée
tu as partagé le sel avec les vagues
et gravé de nouveaux cercles
aux astrolabes
coutumier
des sentiers de crêtes
où tout ciel aboli
renaissent les sirènes
tu as transcrit
l'alphabet de leurs songes
assisté par les goélands
transfuges de mondes anciens
ta as pactisé avec les djinns
et remonté
le cours du fleuve
où la nuit inconsolable
pleure les étoiles
tu l'as prise sous ton aile
et vous avez rejoint
les campements
du poète nomade
où l'aube déniche
parmi les braises
de vos étapes
des calligrammes
de sable et de verre
...
Tu scrutes à tes pieds
le legs d’une nuit inconnue
des bris d’étoiles en guise d’épitaphe
quelles clameurs oubliées
pas furtifs d’amants désunis
sentes d’enfants devenus rois
confient à tes doigts
les ultimes mots de leur chant
le vent a longtemps chassé
leurs éclats de pierre
coutumier des grands fonds
en vain il a secoué
les coques vides de leurs navires égarés
tu caresses sous ta paume
l’empreinte silencieuse
des bribes d’étoiles en guise de récit
et tu vacilles
héritier aveugle
de lignées naufragées
point lumineux
à l’infini de l’obscur
.
CECILE OUMHANI
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