Belle, pour quel désert suis-je promis, pour quel autre
désert s'il faut, à chaque instant, retrouver sa solitude dans tous les yeux qui passent ?
Lorsque les routes se dédoublent et s'amoncellent les
fleuves ; lorsque lentement, dans le matin, s'élève
l'haleine rouge des heures, je voudrais m'ouvrir comme une parole privée d'air depuis longtemps.
La mer, de tous ces plis, m'apporte des chants sans
mémoire qui vont, avec l'entêtement obscur de l'oiseau, pour retrouver un goût de terre et d'orage.
Désert, désert partout ! dans les cercles criants de
la sève, dans l'arbre qui se tord pour ne plus exister
Et j'ai peine à croire à notre langage immobile sous
les pierres, à ce reflet dans le miroir briséà l'aube
des cascades.
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CLAUDE SAGUET
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Photographie ?