Tu dis « n'écris jamais une phrase dans sa
fatigue, sache te taire quand cela commence,
aime ta maladresse, laisse-la t'accomplir.
Les pages de soleil aveuglent, brûlent les
lèvres. Endors-toi, confie ta vigilance, les
mots connaissent le chemin sous le ciel. Par le
trou de ta mort, une langue ouvre les paupières. Écoute la fin de tout, la mesure dérobée.
L'espace de nouveau s'unit à la salive.
Le livre n'a plus besoin de mots. »
Tu dis « apprends-moi » et je ne peux
t'apprendre qu'à franchir, à t'abandonner à la patience, à l'endormi, à la
véranda de la parole. Je ne peux t'apprendre que l'immense plateau et ses
très hautes voix, la montagne de la brebis qui parle, le rythme chaud. Peu de choses en
somme, mais venues
de très loin.
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DOMINIQUE SAMPIERO
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Oeuvre Claude Monet