Fichtre de vie tout de même !
L’amour qui devient une plaie n’est qu’infamie. En soi, l’attribut de la vérité fait office de boussole, mais le Nord est ailleurs. Redescendre visiter ses caves intimes nous élève souvent au firmament. Souffrir pour souffrir est la panacée des âmes enclavées aux serments des consentis. Il n’y plus de réel opérant sans la notion du temps qui le fait vivre. C’est parce que rien n’est éternel que nous nous appliquons à faire durer la fragilité de l’instant. Un bonheur ruiné est le spectacle de la faillite qui nous touche. Il nous appartient de l’ensevelir avant qu’il ne se métamorphose dans le corps de l’échec. Le nihilisme n'est rien. L'impuissance n'a pas d'excuse. La valeur de nos actes se rapporte à leurs fins. La calamité est un néant actif, elle rompt la chaîne de la substance idéaliste.
Si l’espoir est une affabulation métaphysique, l’écarter sape l’idée d’avenir. Pour s’en convaincre, il suffit de s’exiler de toutes pensées de joie future et de constater combien le renoncement peut devenir un parjure de l’immédiat. Ce qui précède l’acte de vie, n’est autre que le préambule des conquêtes spatiales que nous voulons domestiquer. C’est le vestibule où fomente la minuscule particule qui va grandir. Quiconque se réfère à son avenir sans en deviner un plaisir spontané, exerce sur lui-même un rayonnement sans lumière. Le fruit du hasard coule des arbres comme l’écho d’un monde bourgeonnant à la lisière de son agonie. Dans le dernier carré de mes yeux, le poids inexprimable des sens rejoint la pierre dure. La fortune convoitée s’éloigne et demeure toute proche. Elle remonte la vague de la tempête et recrache le muscle des hommes noyés dans d’autres combats. Il faut accepter, accepter sans cesse la nuit de boue qui creuse le jour. Fichtre de vie tout de même que celle qui essaie de conserver un sourire même lorsqu’on pleure.
La vérité est un mythe. Il n’y a pas plus de sûreté dans le vraisemblable que dans nos estimations fluorescentes. L’indicible ne fait corps avec les autres que lorsque l’appréciation du regard est analogue à la chose vue. Faut-il que cela soit au même instant et pour le même intérêt.
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BRUNO ODILE
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Oeuvre Christian Arjonilla