Ombres minuscules sur la blancheur du mur
labyrinthe éphémère
de l’instant
nous avons besoin de la mer
non pour laver nos oreilles
mais pour plonger dans les confins
des profondeurs
les yeux fermés sous l’eau
de notre soif
au milieu du bleu
le corps dressé par l’éphémère
le regard aiguisé par le lointain
nous avons besoin de la mer
pour renaître
sur la plage
à l’ombre d’un murmure
en fleur
la matière de nos paroles
est la lumière
la matière de notre connaissance
est le néant
la lumière du regard
habite le poème
comme la danse d’une abeille apprivoisée
l’intérieur d’une bulle
transparente
irisée
je la lève dans ma main
je la porte avec moi
vers le soleil
je prend soin de sa peur
et de son envie de s’envoler
vers
nulle part
une abeille
comme un poème
égaré
dans le coin d’un miroir maison
pont ou bateau de terre cuite creuset lumière de la parole calcinée
au milieu de la galaxie
nous sommes les dissidents de la ville disparue
à l’écoute de l’au-delà d’ici
ici et là-bas mais seulement peut-être
ici et là-bas
je m’approche du chant de la sirène
sur la pointe des pieds
je la touche avec la pointe de ma langue
je caresse la pointe de ses seins
et de ses lèvres
vous les heureux
vous les démons
je vous parle d’ un cri antérieur à la bouche d’un regard antérieur à la lumière d’un visage antérieur à la naissance de mes lèvres
modelés dans la boue du paradis je vous parle de l’amour à l’état sauvage
semblable aux cristaux
arrachés aux mines du midi
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LUIS MIZON
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