Te voir nue c'est se rappeler la terre.
La terre lisse, dégagée de chevaux,
la terre sans roseaux, forme pure
fermée à l'avenir : confins d'argent.
Te voir nue c'est comprendre l'envie
de la pluie à la recherche d'une taille fragile,
ou de la fièvre de la mer à l'immense visage
sans trouver la lumière de sa joue.
Le sang sonnera dans les alcôves,
et viendra avec l'épée flamboyante,
mais tu ne sauras où se cache
le cœur du crapaud ou la violette.
Ton ventre est une bataille de racines,
tes lèvres sont une aube sans contour,
sous les roses tièdes du lit,
les morts gémissent, attendant leur tour.
.
Verte desnuda es recordar la tierra.
La tierra lisa, limpia de caballos.
La tierra sin un junco, forma pura
cerrada al porvenir: confín de plata.
Verte desnuda es comprender el ansia
de la lluvia que busca débil talle,
o la fiebre del mar de inmenso rostro
sin encontrar la luz de su mejilla.
La sangre sonará por las alcobas
y vendrá con espada fulgurante,
pero tú no sabrás dónde se ocultan
el corazón de sapo o la violeta.
Tu vientre es una lucha de raíces,
tus labios son un alba sin contorno,
bajo las rosas tibias de la cama
los muertos gimen esperando turno.
.
Oeuvre Igor Bitman