Un jour, des doigts osent, de façon circonspecte,
lente, timide, furtive, muette, une seconde,
se poser sur l'avant-bras de l'autre corps
qui se trouve en face des yeux.
Un autre jour, la paume de la main forme comme une coque
qui se referme sur le dos de la main qu'elle regarde
et la main, sous la main, ne se retire pas.
Les corps se font soudain plus proches de façon mystérieuse,
d'un coup,
sans qu'ils s'approchent en aucune façon.
Un jour, ils semblent à jamais proches,
sans qu'ils aient besoin de bouger.
Puis la bouche vient plus près de l'oreille
à qui l'on veut tout dire.
La bouche se glisse dans les cheveux noirs et roux où
elle vient chuchoter.
Les lèvres mêlent une espèce de soie
mais évitent de toucher cette étrange coquille.
Un jour, enfin, le regard s'attarde sur une partie du corps
qui vaut pour toutes les parties du corps.
Ce jour-là est le seul jour où il y a de l'amour.
Ce jour-là les vêtements pèsent.
Ce jour-là le corps a si chaud qu'il semble embrasé.
Une eau anime le fond des yeux.
...
La voix s'abaisse.
Les poignets quittent les manches,
les doigts s'avancent dans l'air qui glisse entre les corps,
ils dénouent des nœuds,
ils ôtent des agrafes,
dégagent des boutons, ouvrent, caressent.
Ils saisissent ce qui est doux.
.