D'âge en âge des oiseaux nichent
dans un arbre généalogique.
Et d'autres, familiers de l'origine du monde,
dans l'arbre ambigu
de la science du bien et du mal.
Dans les jardins de mars
des anges aux épaules nues
fantasment des incarnations
et d'autres mises au monde
chez des vierges de décembre.
Ailleurs en d'autres saisons
des tempêtes s'en prennent à des forêts
dont les arbres rentrent leur feuillage
entre les épaules,
leur salive dans les racines.
Plus tard il neige sur le livre
et sous la neige le titre prend feu.
Le chant premier de l'ouvrage
devient le sombre chant d'une fiction,
puis il pleut sur le feu et le livre s'éteint.
Et d'arbre en arbre, de branche en branche,
d'oiseau mouillé en oiseau brûlé,
de jardin en forêt, de strophe en strophe,
et de vers en vers, le poème s'embrouille :
il lui fait déclarer forfait.
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ANDRE SCHMITZ
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