Quand vous serez tout simplement là, lancées dans notre monde, dressées sur notre planète rocheuse ; prenez soin de vos âmes, suivez le meilleur du présent, oubliez le temps sur le fil au-dessus du néant.
J’entends sonner les secondes. Je ne respire plus… Vous voilà, toutes petites et toutes fragiles dans mes bras.
Depuis, j’ai beau faire, j’ai beau ne pas faire : toutes mes sensations dépendent des vôtres. Je suis comme cette branche que le vent courbe, que la lumière éclaire.
Bonheur de ne plus être seul depuis votre naissance.
[...]
Chaque jour est un appel, une révélation.
Chaque jour s’enflamme dans le moindre pli du ciel, dans un fragment de lune, n’importe où et même maintenant quand les nuages font les gros yeux aux étoiles de mer.
Et c’est toujours à vous qu’ils s’adressent ces oiseaux, ces arbres, ces fleurs et ce lièvre qui, sous une rafale de pluie, traverse le chemin. C’est pour vous qu’ils amassent du soleil pour l’hiver, ces feux d’écume sur les plages.
Maintenant un rayon de soleil touche la fenêtre, vous dormez encore.
Près des vagues hautes, sous le regard avide des mouettes, des marins déplient les filets. Les poissons aux écailles fragiles se nourrissent de légendes.
Au loin, quand les cloches d’une église sonnent, quelqu’un qui était très malade ressuscite dans une chambre. Une barque prolonge l’ombre d’un saule sur la rivière. Une rose prononce un vœu sur la cendre. Un homme et une femme, se tenant par la main, s’engagent dans une ruelle pleine de hasard. Toutes les fontaines se mettent à fredonner dans toutes les villes du monde.
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PASCAL BOULANGER
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Oeuvre André Kohn