Laissez-moi, je vous prie, mes armes blanches
Blanches de tous les dieux, de toutes les églises, de tout dogme
Dicté par des hommes, fut-il Créon, fut-il Néron,
Ou ces modernes conversibles en devises
Allez… Dans ma tribu, on circulait à l'aise entre trois religions,
Maronite, orthodoxe, catholique, et pour bousculer
Le jeu de quilles j'ai annoncéà la troupe réunie au repas de Pâques
Que j'étais en train de me convertir au judaïsme
(Rien que pour le haut le corps de Festen cela valait une messe)
Plus tard parce que j’apprenais l'arabe, on me dit oh
Là là ne serais-tu pas sur le point de te musulmaner
Je répondis avoir appris le latin pendant douze ans sans dire la messe
Aujourd'hui mes armes sont blanches et noires, des mots,
A l'image des os, tous les dieux derrière moi, et je braille
Avec la voix des morts, celle qu'ils m'ont prêtée,
Je braille en fonçant dans le tas de l'immonde, de
Ce qui se fait passer pour humain et ne l'est plus,
Je fonce et je taille des bidoches molles, des pantins à voix d'hommes,
Des rebuts qui bougent, des erreurs avec des bottes,
La triste cire du Musée de l'horreur, la Bêtise couronnée plastronnant,
Les rhéteurs sophistes, et je reconnais que j'en sais bien moins que vous
Sur la politique et l'histoire, juste assez pour saisir la différence
Entre bien et mal, entre vivant et mort, entre ce qui élève et ce qui détruit,
Je suis
Un soldat avec une torche
Pour remettre le jour là où est la nuit
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ALEXO XENIDIS
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Oeuvre Gina Litherland