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Channel: EMMILA GITANA
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LES SEPT SOLITUDES....Extrait

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L’année était du temps des souvenirs, 
Le mois était de la lune des roses, 
Les cœurs étaient de ceux qu’un rien console.

Près de la mer, des chants doux à mourir, 
Dans le crépuscule aux paupières closes ; 
Et puis, que sais-je ? Tambourins, paroles.

Cris de danse qui ne devaient finir, 
Touchant désir adolescent qui n’ose 
Et meurt en finale de barcarolle.

— T’en souvient-il, souvient-il, Souvenir ? 
Au mois vague de la lune des roses. 
Mais rien n’est resté de ce qui console.

Est-ce pour dormir, est-ce pour mourir 
Que sur mes genoux ta tête repose 
Avec la langueur de ses roses folles ?

L’ombre descend, la lune va mûrir. 
La vie est riche de si douces choses, 
Pleurs pour les yeux, rosée pour les corolles.

Oui, vivre est presque aussi doux que dormir... 
Poisons tièdes pris à petites doses 
Et poèmes pleins de charmants symboles.

Ô passé ! pourquoi fallut-il mourir ? 
Ô présent ! pourquoi ces heures moroses, 
Bouffon qui prends au sérieux ton rôle !

— L’année était du temps des souvenirs, 
Le mois était de la lune des roses, 
Les cœurs étaient de ceux qu’un rien console.

Mais tôt ou tard cela devait finir 
De la très vieille fin de toutes choses 
Et ce n’est ni triste, vraiment, ni drôle.

Des os vont jaunir d’abord, puis verdir 
Dans le froid moisi des ténèbres closes, 
— Fin des actes et fin des paraboles.

Et le reste ne vaut pas une obole.

 

 

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OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ

 

 

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susan hall

Oeuvre Suan Hall


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