Les platanes généreux, l'herbe forte malgré la soif, les vignes noires sacrant le vin, la paix d'oliviers séculaires, la tisane des tilleuls, l'ivresse des lilas, la friture des grillons quand dorment les cigales, les lucioles menant aux bals de villages, les chauves-souris radars de lune, les braises de géraniums rouges, les joues versicolores des belles-de-nuit, les flèches d'écureuils effrontés, les abeilles goulues aux guinguettes des fleurs, les potagers derrière les canisses et les haies de cyprès, la farine de châtaigne, l'éclair du renard roux, et le Mistral fougueux qui monte à cru tes flancs, ma Provence je t'aime. Je t'aime ma terre dure, sèche, austère, aride, aux paysans fourbus attelés à la houe. Je remercie tes blés porteurs de pain, tes grappilles vétilles de septembre, tes hérissements de lavandes, tes potions de thyms et romarins. De ton ciel métal fondu planté dans ta chair, à la transparence de tes cerises, à la flamboyance de tes parures, aux volets tirés quand l'étééperonne, à ton ventre blanchi préparant la première fleur d'amandier, je te salue et te bénis ma terre.
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