Tu observes la vie depuis les fissures de ta maison
Depuis les toits éboulés
Morsures d'étoiles de pleine nuit
Vagues troupeaux de moutons embroussaillés
Tu étires le cou
Misérable cygne mutilé de ses étangs sauvages
Tu lèves une main qui ne saisit que l'ombre d'un nuage
Il passe
Tu demeures dans sa trace
Aux lucarnes des chambres
Tu voles les baisers
Des amoureux volant au-dessus du boulevard
De Belleville
Les souliers dans les flaques
Marchent sur les feuillages
Tu dérobes l'éperdu des iris se dilatant
Sous la rotation insatiable du soleil
Tu cueilles à la sauvette des brassées de cheveux, nerfs, cils, doigts, filets de clarté,
cordes à linges, drapeaux de sous-vêtements, blêmes éclaboussures de honte sur les visages bêlant
Mais toi, tu restes derrière la vitre sale
Il y a toi
Il y a les gens
Entre vous le tranchant d'un sabre
Blanc comme un sourire d'enfant
Tu ignores comment franchir la lame
Déjà tes membres portent les cicatrices de tes lacérations
Tes tentatives de vie
Tes tentations de mort
Entre les deux balance ton heure qui traîne
Ne vient pas
Les brèches même des oubliettes
Suintent de vipères luisantes
Ruissellent de malédictions
Se déchirent en insondables sanglots
Derrière les murs en ruine
Rampent les morts qui n'ont su sortir.
Et attendent que quelque chose arrive
Une grenade en feu jetée sur leur ennui