Tu ne m’as jamais rien refusé
Pas même l’écorce échancrée de ton regard
Pas même les premiers grains de l’aurore quand nous divaguons enlacés à la rencontre de notre amour
Pas même, offrande suprême, les papillonnements exaltés du soir quand nous nous emparons l’un de l’autre sous les lanternes d’un nouveau monde
J’ai su en te croisant que le lieu de ton corps serait mon ultime héritage
Que tes lèvres ourleraient dans la nuit la plus infime de mes défaillances
Que je n’aurais plus jamais peur dans les ravines du silence
Ni en haute mer
Ni dans le creux de ma mémoire
Ni dans les sillons de l’absence
Je ne t’ai jamais rien refusé
Pas même ces vers insensés qui escortent ta solitude quand les mots viennent à faillir, là-bas face à la mer
Pas même le crépitement de mes pensées sur l’essaim tiède de tes hanches
Pas même la clé de cette grange antique où dorment mes gisants
J’ai su en te croisant que le lieu de ta joie serait mon ultime passage
Qu’il me faudrait ôter une à une les écailles qui encombraient mon seuil
et m’abandonner à l’étreinte si tendre de nos jeunes hivers
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SYLVIE MEHEUT
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Oeuvre Katell Le Goarnig