Sans coup de théâtre
Les saisons
ont presque disparu.
Tout cela n’était qu’un jeu trompeur des Esprits
de l’Ether.
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Il ne nous est pas possible de vivre
par instants, par à-coups, par échappées et en escapades longues et brèves.
Qu’on soit vivants ou morts, la balançoire
ne pouvait durer plus que l’éternel
le si fugace âge de notre enfance.
Voici que commence le cycle de la stagnation.
Les saisons ont fait leurs adieux
sans salamalecs ni cérémonies, lasses
de leur roulement. Nous ne serons plus
tristes ou heureux, oiseaux de l’aube ou de la nuit.
Nous ne saurons même plus
ce qu’est savoir et non savoir, vivre
presque ou pas du tout. C’est vite dit,
pour le reste nous nous en tiendrons au fait.
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EUGENIO MONTALE
(Traduit de l'italien par Raymond Farina)
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Oeuvre Odilon Redon