Ta langue s'est perdue
dans les méandres de Babel ...
Perdus le chant dansant
et le son de la voix.
Et tu cherches tes mots
dans l'errance du vent,
au creux des larmes
dans un visage désertique.
Enchanteresse, elle l'était,
comme toute langue de l'enfance --
enchantée, comme ces châteaux en Espagne,
les yeux gris-verts de la mère,
la mer océane,
le soleil léopard,
le ciel goéland.
Et te voilà sans parole,
dans cet enclos planté de fleurs sages
dont les graines se vendent.
Où sont tes ailes ? Où sont tes yeux ?
Où ton corps ? Ton âme, qui l'a mangée ?
Qu'ont-ils fait de ta langue sauvage ?
Au loin, la lande,
se voile d'épaisses brumes.
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ANNE MARGUERITE MILLELIRI
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