Les liens ne nécessitent pas toujours l’ardeur volontaire de la matière. Pourquoi être là plutôt qu’ailleurs ? Sans doute une brève escapade de la synchronicité, une connotation de la chair restée à vif. Une échappée virtuelle vaut une pensée. La douleur de ne pas vivre reste chevillée à une dépression aérienne. Comment exister dans ce monde d'ombres ?
Le handicap n’est pas le prélude de la mort, à peine lui baise-t-il les joues. Victime consentante, je vire de bord. J’entérine l’oppression et je fais une obole consentante à la légitimité de mon identité. Charité bien ordonnée commence par soi-même. L’énergie miraculeuse de la lumière consulte l’appauvrissement de mon corps et désigne l’autonomie qui succède à la tranchée. L’individu serait nié au profit de sa pathologie, que je parviendrais malgré tout à m’évader de la marge. Se considérer à l’écart ou bien dans la distance n’exclut en rien la contagieuse proximité du vivant. Le sursaut aux lèvres du temps divisé parcourt d’un va-et-vient incessant le cortège fidèle des émotions. « Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir.*», nous dit René Char. (* Extrait de : Fureur et mystère.)
.
BRUNO ODILE
.
Oeuvre Eugène Leroy