Nous avons grand désir
De regarder le Jour,
Un jour vertical, joyeux,
Qui nous ramène à la source.
Mais nul ne peut sans ailes
Arriver tout droit à ce qui est
Tout proche et le saisir
Et venir sur l'autre versant.
Orienté vers l'origine, attiré
Par la fraîcheur des ombrages,
Au sein de forêts mythiques.
Le poète voulait là-haut
Fonder ce qui demeure,
En beauté. Là où il pourrait
Parler seul avec Dieu,
Et ne recevoir d'autre écho.
Mais prendre à bras de passion chaque heure
Exige de choisir le chemin unique
(Surtout pour qui se concentre sur le cours
Des fleuves).
Comme de se risquer
Dans un dédale,
Sur le flanc des montagnes,
Dans l'aride, pour trouver un signe
Qui pose le soleil et la lune dans l'âme,
Un langage qui atténue le mystère
Des sonorités, des rayons.
Non sans danger de perdre le sens de la voie
Qui conduit à l'immémorial.
Toute poésie doit partir du langage
Et se maintenir
Sur le surplomb au-dessus des vocables.
Et travailler à toute transfiguration dans le silence.
Et rêver la flèche qui va toucher la cible,
Avec la splendeur, le stupéfiant
Du rayon qui franchit l'horizontal,
Traverse l'épais feuillage,
Pénètre dans le regard du tout-petit.
C'est bien vers un jour en croissance
Qu'il faut revenir.
Et préparer toute rencontre,
Tout serrement d'esprit.
Élire la direction de l'inaugural,
Comme le fait l'oiseau.
Mais qui se réfère aujourd'hui
à la parole première qui a pensé le temps ?
Au geste du Verbe ?
Alors que le vide n'avait
Fait place à la nuit.
Et que rien n'avait engendré le soleil.
Et son premier matin,
Et la mer, et le fleuve des hauteurs,
Et tout ce qui rend la terre féconde ?
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FERNAND OUELLETTE
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Oeuvre Fatat Bahmad