Il me touche qu’on ne te dise ni herbe ni arbre,
végétal si vivant, métèque partout à jamais
dont comme les bourgeons de rosier les pousses sont tendres.
Est-ce une faute que vivre sur de tels entre-deux ?
Est-il condamnable d’échapper à toutes les normes,
de s’espérer libre de se sentir chez soi partout
et de ne s’enfermer nulle part dans le vaste monde,
avec l’itinérance pour unique identité ?
Mal toléré de ceux qui redoutent ta différence,
intégréà la seule catégorie du Vivant
sans aucun support autre que celui de la nature
qui jamais ne te chasse, de nulle part ne t’exclut.
Ce n’est pas juste aux oiseaux mais à l’homme que tu donnes
la vigueur de ta présence pour qui sait la capter,
la confiance en l’avenir, l’amour des saisons futures,
la non caducité de tes feuilles, leur sombre éclat.
Tu t’accommodes de nous qui demeurons incapables
pour beaucoup, d’ouverture devant tous nos dissemblants,
sûrs que nous sommes de l’excellence de nos critères
visant l’uniformité, c’est-à-dire la non vie.
...
.
HENRI-LOUIS PALLEN
.
Photographie Nathalie Magrez