Pierres amoncelées, pierres éparpillées.
La terre elle-même jadis a dû choisir
Rassembler ses enfants ou bien les disperser aux quatre vents
Enfants des quatre vents les pierres et les montagnes.
Sur la houle figée des versants,
Chaque pierre est balise immobile
Écume pétrifiée de la mémoire des glaces.
Ayons toujours en vue l'humilité des pierres.
Lourdes ou légères, denses ou friables,
Elles demeurent indifférentes aux joies,
Insensibles aux remords,
Étrangères à tout ressentiment.
C'est pour cela qu'elles font toujours partout cortèges
Aux pentes comme aux gouffres
Aux chemins comme aux cimes
Aux neiges comme aux vents.
Elles sont parures des solitudes
Et parements des altitudes
Demeurer là où le sort les a jetées ou rejetées
Et résister au temps est leur unique but.
Ayons toujours en tête la patience des pierres.
JACQUES LACARRIERE