Rien ne sera pareil
Quand tout sera redevenu comme avant
Nous porterons sur les arbres les nuages
Les vieux murs de nos chagrins
Les chevaux les prairies
Un regard de nouveau-né
Étonné de voir le monde venir à lui
Dans la splendeur des premiers jours
Chaque instant sera printemps
Noce et chants d'oiseaux
Nous remonterons sans hâte les courants
Vers les eaux de nos enfances
Confiants avec le vent
Accordés à nous-mêmes
Capables du plus simple
Saisis d'une marche silencieuse
Aux sources du vivant
Nous nous tiendrons debout
Dans l'insolente clarté des astres
Cherchant de toutes les constellations
La plus marquée du signe de notre gratitude
La mieux promise à la jeunesse de ceux-là qui nous ont quittés
Corde tendue sur le souffle invisible de leur chant
En poètes nous poserons les pieds
Sur cette terre nouvelle
Sachant discerner la trace des chemins ouverts
Séparer le bon grain de l'ivraie
Rejetant le futile et l'inutile
Donnant au temps sa chance
À la joie son élan
Chaque jour sera un peu dimanche
Par ses clairières de silence
Ses jachères et ses aubes furtives
Ses brèches de lumière ses ciels éblouis
Ses trouées de soleil
Ses berges illuminées de fleurs sauvages
Ses matins clairs ses repos
Nous porterons au cœur
Le rêve secret de notre vie
Nous le dégagerons du sable de nos tristesses
Nous en ferons la page blanche
Le cahier oùécrire d'un langage neuf
Le récit du reste de notre vie.
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JEAN LAVOUE
le Blavet, 18 avril 2020
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Photographie Leszek Bujnowski