Si tu es, comme il m’arrive de l’espérer encore,
capable d’apercevoir le même azur que mes yeux
et de reconnaître les routes où je m’aventure
depuis l’alvéole où parfois je ne peux t’enfermer
par refus de laisser m’anéantir la lassitude,
(ou d’abdiquer sans remède la recherche d’un sens),
alors peut-être, en échappant aux faits de science
es-tu là, telle que je peux encore t’espérer.
Si tu regardes, tu sais que je ne trahis jamais
la parole que nous nous sommes donnée sans réserve
et qu’après toi sans faille je m’efforce d’honorer,
tu n’ignores pas combien je te suis demeuré proche,
qu’en toutes circonstances marquantes je t’associe
pour faire plus douce la rêche sensation de vivre
privé de tes regards, de tes sourires, de ta voix ;
tu me vois, et sais que mes soupirs te restent fidèles.
Si tu m’entends murmurer du tréfonds de mon mutisme
à quel point, privé de toute espérance, je t’aspecte
sans me résigner à ne plus me présenter à toi,
dépossédé de berçante confiance dans ton vide,
avec mon seul dénuement de pauvre de la pensée
sans balluchon de concepts, de savoir, de connaissances
qui tînt lieu même en rêve de contrepoids pour ma faim,
tu entends alors tout ce que mes silences te disent.
Si tu parles au travers du néant, à ta manière,
fût-ce celle d’oiseaux ou des cimes d’arbres au vent,
par-delà l’apaisement du langage dont je doute,
du fait que je sais me contenter d’extrêmement peu,
voyant notre échange désormais réduit à ses traces,
(la lumière pâle ou vive, les directions du vent,
quelque variante des intonations du carillon),
dis-toi bien que je fais tout pour te capter, si tu parles.
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HENRI-LOUIS PALLEN
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Léontine Pallen, née Fauque