C’était au temps où le ciel et la terre tenaient
dans la paume d’une main,
Les jours se comptaient au nombre de nos sanglots
Et le souffle d’un seul songe nous sevrait de la
mort.
Une rumeur timide apaisait notre sang :
Nous recevions le soir avec une cruche d’eau,
Nous accueillons l’aube avec de l’encens,
Nous portions à la vie son rituel, ses vêtements,
Nous maudissions les fourberies de l’oubli,
Les mots fondaient sur les heures à tire-d’aile.
Les dieux sévissaient contre le doute
Ainsi commençait à s’éteindre la haine, à naître
la patience
Libations au levant et liesse au couchant
C’était la splendeur dans les côtes de l’homme
Nous étions un essaim impétueux
Nous, hommes du sol, à la fois braises et brasier
Nous tressions des hommages aux vivants souterrains
et aux morts souverains,
Nous tourmentions les terres vierges,
Sous la mousse de l’inquiétude naissait une clarté
inouïe
Le désarroi n’était plus qu’un frisson fol et bavard :
Nous naissions à l’amour ...
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JEAN METELLUS
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