Deux perles pour récuser la laideur
Deux perles se rencontrent au carrefour du malheur.
Depuis Haïti, la Perle des Antilles,
jusqu’au Mali, la Perle du désert, mon cœur saigne abondamment.
J’ai regardé tomber la cathédrale de la Sainte-Trinitéà Port-au-Prince
Sous les tremblements de janvier 2010.
Je pleure encore les œuvres détruites de Préfète Duffaut,
grand muraliste devant l’Éternel
Et qui vient de partir dans son jeune âge de 89 ans.
Mort de dépit peut-être.
Dans le passé, impardonnable autodafé,
Je regardais prendre feu l’ancienne cathédrale de Port-au-Prince,
formidable musée parti en fumée.
Et plus récemment, j’ai vu se réduire en poussière la nouvelle.
Sans doute les cathédrales de Port-au-Prince,
Trois chefs-d’œuvre inscrits dans notre mémoire esthétique,
Sont-elles allées retrouver la gloire de leurs propres saints.
Et, à travers le long passage du milieu,
elles rejoignent les 333 saints qui font la gloire de Tombouctou.
La nature est en démence et les hommes davantage.
Chantons à la gloire de tout ce qui est plus grand que nous.
Exorcisons la folie du monde.
Et aimons-nous, frères et sœurs d’Haïti,
Frangins du Mali, frères et cousins de mon Afrique délaissée depuis longtemps,
Depuis mes grands-parents,
Depuis le temps où le poète chantait ses chansons tristes, ses negro-spirituals…
Je me joins aux résistants, aux résilients qui déplorent la sauvagerie des éléments,
Qui bannissent les éléments sauvages à la tête fêlée.
Nous nous donnons la main pour démultiplier nos forces,
Raffermir notre foi dans la prévalence de l’esprit,
Donner dos à toute inculture toxique,
Condamner toute attitude bêtement iconoclaste,
Proclamer immortelle la poésie de la création
Et déclarer infrangible la puissance de la culture.
Perle pour perle, Mali, Haïti te salue
Pour rebâtir avec toi un collier de paix
Et l’ajouter volontiers à la beauté indestructible du monde.
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JEAN-ROBERT LEONIDAS
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Oeuvre Patrick Lalande