La mer ne sait d’où lui vient toute cette eau
Au large des déserts assoiffés de tant de fleuves
Une aile toute seule ne peut suffire à la mouette
Pour apaiser les brûlures de la vague et du sable
Toutes ces feuilles qui tombent sous la tyrannie
De l’hiver n’empêchent l’oiseau de se poser
Sur les branches libre et indomptable
Son chant nourri des neiges et du soleil
Qu’a-t-elle donc la terre pour gémir ainsi
Sous les décombres la palme percée par le tonnerre
De tant de nuits déchirées par les éclairs
Les primevères rasées par les bottes d’enfer
Je vous reconstruis saisons des veines
Des arbres, du sang de la lumière
Par-delà les frontières par-delà les murs
Si vous tremblez vous remuez ma poussière
Comment peut-on laisser l’enfant se nourrir
De galettes d’argile parmi les larmes du crocodile
Visages d’ombre chiffres sans nombre
Tours d’orgueil hippopotames lourds dans la boue
J’ai de toi île la colère de l’orange verte
Toutes ces failles dans la fêlure du vent
Comme une fissure béante dans la césure
À moi bourgeons contre tous ces cimetières.
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TAHAR BEKRI
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