vous qui êtes l'écorce désossée de l'humanité
vous qui êtes la roquette de la paix des pierres
vous qui êtes la clé du lieu riverain de l'écritoire
cessez de tirer sur l'enfant du désordre livresque
cessez de chasser l'homme conjugué aux racines de sa terre
cessez d'effacer la plainte du verbe nourrissant
ma main caresse le sang horrifiant la Palestine occupée
je pleure nos couleurs communes à la frontière du chagrin
le mur s'est battu contre la honte de votre séparation livide
je regrette ma naissance au seuil de votre échéance
je suis le démuni aux cotés justes du chemin barbelé
vous tuez mes enfants avec la certitude de la sentence et la force du deuil
faites de moi l'accordéon de Gaza le pluvieux pinceau acclamant justice
autrefois ma raison ancestrale a risqué son souffle pour vous
désormais la violence du feu fait de moi le gardien du poème révolté de Darwich
je suis le Palestinien qui chante le rêve à l'abri de la folle invasion
je suis le navire qui combat l'exil de ma mère au-delà de son champ occupé
je suis le coeur battant plus fort que le canon à bout de souffle de la guerre
je vous plains
je grave mes prières afin de saler le son givreux du judéocrétin et muselant
que notre prophète commun sanglote aux cieux enfumés par le cri éternel de l'abeille
quelle science donnerait raison à la brulure de la ruche féconde qui me nourrit
nul pardon ne peut essuyer le pourpre du sang coagulé des intifadas
si ce n'est l'amour du bleu larmoyant de l'Orient trompé par le baiser du périple
je n'embrasse pas la poudre qui tue la paix des oiseaux en vol vers le soleil en cage
je fais le serment de téter l'encre transparente de la miséricorde
je crèverai la nuisible guerre en chantant le manifeste de la couleur du songe
je prête mon chromatique espoir à toutes les patries orphelines de la lumière
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KAMEL YAHIAOUI
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