Je t’apporte une petite algue qui se mêlait à l’écume de la mer
et ce peigne
Mais tes cheveux sont mieux nattés que les nuages avec le vent
avec les rougeurs célestes et tels avec des frémissements de vie
et de sanglots que se tordant parfois entre mes mains
ils meurent avec les flots et les récifs du rivage
en telle abondance qu’il faudra longtemps pour désespérer des parfums
et de leur fuite avec le soir où ce peigne marque sans bouger
les étoiles ensevelies dans leur rapide et soyeux cours traversé
par mes doigts sollicitant encore à leur racine la caresse humide
d’une mer plus dangereuse que celle où cette algue fut recueillie
avec la mousse dispersée tempête.
Une étoile qui meurt est pareille à tes lèvres.
Elles bleuissent comme le vin répandu sur la nappe.
Un instant passe avec la profondeur d’une mine.
L’anthracite se plaint sourdement et tombe en flocons sur la ville
Qu’il fait froid dans l’impasse où je t’ai connue
Un numéro oublié sur une maison en ruines
Le numéro 4 je crois
Je te retrouverai avant quelques jours près de ce pot de reine-marguerite
Les mines ronflent sourdement
Les toits sont couverts d’anthracite
Ce peigne dans tes cheveux semblable à la fin du monde
La fumée le vieil oiseau et le geai
Là sont finies les roses et les émeraudes
Les pierres précieuses et les fleurs
La terre s’effrite et s’étoile avec le bruit d’un fer à repasser sur la nacre
Mais tes cheveux si bien nattés ont la forme d’une main.
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ROBERT DESNOS
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