J'ai goûté tous les vents qui agitent la Terre
J'en ai vu des piquants qui trouaient ma mémoire
Mes souvenirs fuyaient, tristes et solitaires.
J'aurais dû les ranger au fond de mon armoire.
J'en ai connu du nord qui m'ont glacé la veine
A m'en faire trembler comme si j'avais peur.
Je gardais mon sang froid mais j'avais de la peine :
Près des feux de l'amour, je partais en vapeur.
J'en ai mangé des doux qui disaient l'avenir
Aux brillants de la lune et de la bague au doigt
Ils me soufflaient tant de promesses à tenir
Que j'ai mis les voiles bientôt comme il se doit
J'ai bu à l'aquilon, dégusté le zéphyr,
Je me suis enivré des vents forts du noroît.
J'ai vidé le mistral de tout son élixir
Et j'ai fini la burle à la table d'un roi.
Mais j'ai surtout aimé le souffle de ta bouche
Sur le bout de mon nez, sur le bord de mon coeur
Quand il se faisait bise pour réchauffer ma couche,
Quand il savait siffler les refrains du bonheur.
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JOËL GRENIER
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