J’ai lu ton livre sur les mythes -
et toi ?
J’ai testé le miroir pour ton visage -
et toi ?
J’ai passé les ruines en revue et celles, plus vastes, dans ton coeur -
et toi ?
j’ai gardé en mémoire la forme des fumées noires et le ciel orange dans les plus infimes cadavres –
et toi ?
j’ai vérifié si la solitude était ce que devient le corps quand la mort est son seul bien –
et toi ?
As-tu songéà ta femme le soir où tu tuas la mienne ?
Et de manière inopinée,
l’image de ton fils traversera
ton esprit,
tu te demanderas pourquoi
tu es venu en fin de compte,
tu respireras autrement,
les mots ne seront plus capables
de dresser la carte de tes crimes.
J’ai fait le compte des dégâts dans ma chair
- et toi ?
J’ai retrouvé la scène où
dans le livre
tu effaces mon nom
qui s’obstine à réapparaître,
sais-tu que ces lettres sont de celles qui retrouvent toujours leur forme originelle
alors regarde-moi dans les yeux
avant de périr l’un et l’autre.
NATHALIE HANDAL