Ayant appris ce qui ne se fait pas
à coups de ceinture et de privations
je me dirigeai à petits pas
vers l'âge des grandes frustrations.
Mais chemin faisant - j'avais grandi
et pissais au-delà de deux mètres,
le diable des sens me reprit :
une fillette au parfum champêtre!
A huit ans, n'ayant rien de mâle,
je ne me livrais qu'à un jeu d'enfant,
et c'est sans y voir aucun mal,
que je l'embrassais en la chatouillant.
Certes l'affaire en fût restée là,
si la fillette loin d'être outrée,
n'eût tout l'air de bien aimer ça,
et tout fit pour m'encourager.
Oublieux des leçons de Père,
je la fis se tortiller et rire,
la malaxant devant et derrière,
éperdu de puéril plaisir.
Le sermon de ma mère fut cette fois modéré,
peinée qu'elle était par mon oreille carmin,
par laquelle l'instit choqué m'avait arraché
aux bras de la poupée, que l'idiot traita de catin.
J'en suis encore aujourd'hui à me demander,
malgré mes cheveux blancs et tout ce que je sais,
pourquoi ces cons d'adultes sont plus rassurés
quand les gosses jouent à la guerre plutôt qu'à s'aimer.
GIULIO ENRICO PISANI